Le Mardi 6 avril avait lieu l'inauguration du nouveau film du Futuroscope : Voyageurs du Ciel et de la Mer, film en double IMAX diffusé au Tapis Magique. Nous étions invités. Compte-rendu de visite.
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A partir du 6 avril 2004, le Parc du Futuroscope propose, en exclusivité, Voyageurs du Ciel et de la Mer , un film réalisé en double format IMAX par Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD. Odyssée poétique et écologique de 16 minutes, ce document exceptionnel produit par le Département de la Vienne invite le spectateur à voler en compagnie des nonnettes du Mont Saint-Michel et des macareux des îles Féroé (Danemark), ou encore à glisser dans le sillage des baleines franches de la péninsule Valdès (Argentine) et des dauphins d'Afrique du Sud… En compagnie de ces « autres habitants » des airs et des océans, le visiteur touche du doigt la ligne de l'horizon, tantôt frontière, tantôt point de jonction, pour devenir lui-même oiseau ou mammifère marin.
En tant que milieux naturels, l'air et l'eau servent de décors à une chronique se déroulant sur une journée, marquée par la diversité des conditions météorologiques. Comment ceux qui règnent dans les airs et les océans – les oiseaux et les mammifères marins – se comportent-ils au fil de la journée et des humeurs du ciel et de la mer ? Scruter le ciel, observer la mer et appréhender, entre le calme et la fureur des éléments, les réactions des hôtes de ces lieux.
Pour rendre possible ce voyage initiatique, le Parc du Futuroscope a mis à la disposition du réalisateur du Peuple migrateur, également producteur du Peuple singe et de Microcosmos , une salle de projection unique au monde. La salle du Tapis Magique dispose de deux immenses écrans de projection d'une superficie totale de 1 400 m 2 , soit l'équivalent de 5 courts de tennis ! Le premier écran est face au spectateur, le second sous ses pieds, donnant à ce dernier l'impression de voyager sur un tapis volant. “ J'imagine déjà les spectateurs, piégés de haut en bas par la nature. Magnifique ! Nous serons au-delà de l'émotion, dans le monde des sensations pures ” , confiait Jacques PERRIN lors des derniers essais.
« Ce très beau film est le résultat d'un triangle magique, associant une signature unique, une technique unique et un contenu unique » , souligne Dominique HUMMEL, Président du Directoire du Futuroscope. Au-delà des émotions esthétiques suscitées par le talent de ce grand cinéaste, le spectateur est interpellé par la force du message : le monde de demain est entre nos mains, sachons le préserver. En abordant la problématique de l'environnement et du développement durable, le Parc du Futuroscope renoue ainsi, avec modernité et pertinence, avec le thème du Futur, contribuant à délivrer quelques repères aux générations d'aujourd'hui et de demain.
© Mathieu Simonet/Galatée Films/Futuroscope
Voyageurs du Ciel et de la Mer est projeté dès le mois d'avril, en exclusivité, dans la salle du Tapis Magique. Cette salle de projection unique au monde dispose de deux écrans de 700 m² environ chacun. Quelque 250 fauteuils disposés en gradins regardent un immense écran vertical de 672 m². Un autre écran, de 748 m² celui-là et incliné à 45 °, s'étale sous les sièges. Deux films sont projetés simultanément par deux régies équipées du procédé IMAX. La régie haute surplombe le hall d'entrée tandis que la régie basse prend place sous le plancher. Grâce à ce procédé original, le spectateur regarde les images défiler devant lui et sous ses pieds. Il a ainsi l'étrange impression de voyager sur un tapis de verre.
Depuis 1992, la salle du Tapis Magique présentait chaque jour aux visiteurs Des fleurs dans le ciel , un film IMAX réalisé par Michael SCOTT et racontant le fantastique voyage des papillons Monarques, long de 3000 km, du Canada vers le Mexique où ils prennent leur quartier d'hiver. En avril 2004, les papillons Monarques prennent leur dernier envol pour quitter définitivement le Futuroscope et laisser place aux Voyageurs du Ciel et de la Mer .
Achevé en 1992, le bâtiment abritant la salle du Tapis Magique dessine une cathédrale de lumière faite d'orgues en polycarbonate translucides. Ses tubes évoquent des fibres de verre, symbole des réseaux de câblage qui irriguent toute la zone du Futuroscope. Hymne aux nouveaux modes de communication, cette étonnante construction comprend cinq kilomètres de tubes, répartis en 217 tuyaux de 116 cm de diamètre et d'une hauteur variant de 2 à 35 mètres.
Repères techniques
Double système IMAX (film de 70 mm – 15 perforations – défilement horizontal )
2 écrans de 700 m² : l'un frontal, l'autre incliné à 45°, à 24 mètres au moins sous les spectateurs.
Son : 3 CD stéréo, soit 6 pistes bi-amplifiées. Répartition : écran gauche, écran centre, écran droit. Ambiance fauteuil arrière gauche, arrière droit.
Distance de projection sur l'écran du bas : entre 24 et 27 mètres.
Le procédé IMAX
Film de 70 mm
15 perforations
Défilement horizontal
Cadence : 24 images à la seconde
Vitesse : 1.71 mètre à la seconde
Le procédé IMAX permet de présenter des images d'une grande netteté sur des écrans plats de plus de 700 m². La surface d'image obtenue est environ 10 fois plus grande que celle en 35 mm.
Concrètement, en 35 mm, une image se compose de 8 millions de points. En 70 mm procédé IMAX, ce chiffre grimpe à 100 millions de points. Projetée sur un écran de 700 m², la surface d'un point est donc de 84 mm² dans un cas et de 7 mm² dans l'autre ! D'où l'écart important constaté en termes de netteté !
Pour utiliser des films et des images de cette taille, il a fallu résoudre les problèmes d'entraînement de la pellicule liés au poids de celle-ci et à sa vitesse de défilement, supérieurs à ceux des films conventionnels. Les projecteurs classiques ne pouvant supporter un tel défilement (102,6 mètres par minute, soit une bobine de 4 km, pesant 60 kg pour un film de 40 mm), c'est le principe de la boucle déroulante, développée par l'australien Ron Jones, qui a été retenu, car il permet le changement d'image d'un grand format en lieu et place de la traditionnelle croix de Malte.
Les formats
Jusqu'à aujourd'hui, le 35 mm, mis an point par Eastman et Edison en 1889, reste le format de film professionnel le plus utilisé. Toutefois, il existe d'autres formats : 8 mm, 16 mm et 70 mm. Le format de pellicule est fonction de sa largeur exprimée en mm. Avec un même format de pellicule, on obtient, selon le nombre de perforations ou selon le sens de défilement de la pellicule, plusieurs formats d'images.
© Mathieu Simonet/Galatée Films/Futuroscope
Interview de Jacques PERRIN, réalisateur de Voyageurs du Ciel et de la Mer
Pourquoi cette collaboration avec le Département de la Vienne et le Parc du Futuroscope ?
Galatée Films a répondu à l'appel d'offres lancé par ces deux partenaires et sa proposition a été retenue. J'imagine que connaissant nos films précédants ( Le Peuple Singe , Microcosmos , Le Peuple Migrateur ), le Département de la Vienne et le Parc du Futuroscope nous ont fait confiance pour tourner des images qui soient non seulement une belle évocation de la nature, mais aussi la quête d'une émotion.
L'idée de tourner avec une caméra 70 mm un film pour la salle du Tapis Magique était très stimulante. Cela me plaît d'aborder des formes d'expression nouvelles. Lorsque je tourne un film, j'aime ne pas avoir l'expérience et faire mes premières armes sur le terrain. J'ai partagé cette découverte avec Jacques CLUZAUD et Olli BARBE, le réalisateur de la seconde équipe. J'ai aussi bénéficié de la collaboration précieuse de Dominique GENTIL, chef opérateur, et de Jean de TREGOMAIN, producteur exécutif, qui ont déjà travaillé pour le Futuroscope et connaissaient le procédé IMAX. Car le 70 mm, à fortiori dans la salle du Tapis Magique, ne s'improvise pas !
En quoi le tournage d'un double film IMAX est-il différent d'un film classique ?
Les contraintes d'un film consacré aux animaux sont déjà nombreuses, mais en format IMAX, elles se trouvent multipliées dans des proportions que je n'imaginais pas ! Tourner dans les airs, par exemple, suppose d'être léger et de pouvoir manipuler aisément la caméra. Ce qui n'est pas évident quand celle-ci pèse plus de 40 kilos à elle seule ! Il a donc fallu repenser entièrement les ULM du Peuple Migrateur et modifier l'axe de gravité pour que les appareils supportent un poids important à l'avant sans piquer du nez.
Autre difficulté : l'autonomie de la caméra. En 35 mm, le réalisateur a 4 ou 5 minutes dans le « magasin ». En 70 mm, cette durée est limitée à 1 minute 20. Il faut donc savoir déclencher la caméra au bon moment. L'équipe attend des heures, voire des journées, la baleine bleue ou le banc de dauphins, mais celui qui tourne n'a qu'1 minute 20 pour « les mettre dans la boîte ». Or la minute magnifique est souvent celle qui précède le tournage ou lui succède ! Pour réaliser ce film de 16 minutes, nous avons tourné 8 mois. C'est à la fois beaucoup et très peu. Filmer en 70 mm, c'est engager une course contre le temps. En sachant que le temps va beaucoup plus vite que nous !
Mais nous savons que l'instant magique attendu peut se déclarer à tout moment. Les paramètres qualificatifs nécessaires à la composition d'une belle image se conjuguent brusquement et nous devenons les témoins privilégiés d'un éblouissant spectacle. Si ces instants sont rares, en revanche, ils nous offrent régulièrement des bonheurs et des émotions sans pareil.
Quels souvenirs forts gardez-vous du tournage ?
Aller à la rencontre des cavaleries de dauphins et se retrouver au milieu de milliers de ces chevaux marins représente une sensation hallucinante. De la même façon, sentir la présence des baleines au dessous de l'embarcation et entendre le bruit de leur respiration est une sensation proprement exaltante. Ce ne sont plus alors des êtres lointains, mythiques, mais des êtres vivants, dont la force de vie devient sonore.
Puis brusquement, leurs ailerons déchirent la surface de la mer. On découvre alors un monde mystérieux qu'on ne connaissait pas et qui, un bref instant, accepte de venir s'exposer à l'air avant de disparaître de nouveau.
Comment décririez-vous la salle du Tapis Magique ?
Cette salle est en effet proprement magique. L'image cesse d'être frontale. Le spectateur se trouve au milieu des espaces qu'il découvre. Il est cerné, en raison de la taille de l'écran frontal, mais plus encore du fait de l'existence d'un autre écran géant sous ses pieds. Il est comme à bord d'un vaisseau spatial, au milieu du paysage qui se révèle sous ses yeux. En fait, il n'est plus seulement spectateur, mais devient aussi acteur. Ce magique enfermement est d'autant plus fascinant que le son, projeté de derrière, se diffuse partout pour venir se perdre dans l'image.
Quels messages souhaitez-vous adresser aux spectateurs ?
Depuis la nuit des temps, les oiseaux et les mammifères marins, les « voyageurs du ciel et de la mer » évoluent dans des espaces de liberté. Plus l'espèce humaine se multiplie, se perfectionne, plus le territoire des autres s'amenuise, se détériore. Notre conquête est absolue, sans partage. Mais elle menace la survie de ces « autres habitants ». Tel est en quelque sorte le message de Voyageurs du Ciel et de la Mer .
Même dans des espaces où nous ne faisons que passer, nos traces sont celles d'un énorme gâchis, d'une déchetterie à l'échelon de la planète. On ne s'en rend pas compte, mais nous souillons continuellement ces territoires qui appartiennent à d'autres. Protéger la nature et les océans, c'est assurer la survie des espèces qui y évoluent. Avec ce film, Jacques CLUZAUD et moi-même avons voulu susciter une émotion, mais aussi alerter sur cette extrême fragilité. D'où ces images montrant une gigantesque décharge ou le sillage d'un supertanker qui vient de dégazer. Soyons contemplatifs, mais dans le même temps, soyons vigilants !
Que représente pour vous le Parc du Futuroscope ?
L'image est le miroir de ce qui se passe sur notre terre. Les films projetés dans les différents Pavillons du Parc proposent des visions de l'avenir où l'Homme et les relations humaines ont toute leur place. On y trouve un mélange de perceptions, de considérations, de points de vue, de sensibilités et de regards croisés sur des sujets différents. C'est une nourriture très riche pour tous ceux qui s'interrogent sur le monde de demain.
Carnet de route par Jacques CLUZAUD, réalisateur de Voyageurs du Ciel et de la Mer .
Quoi de mieux qu'un tapis magique pour faire le tour du monde en volant au-dessus des continents et des océans ? Et plutôt que de voyager seul, pourquoi ne pas le faire en compagnie de ceux qui parcourent terres et mers depuis des millions d'années : les oiseaux et les grands mammifères marins ?
Malheureusement, le tapis magique d'Aladin n'est plus disponible en magasin ! Il faut alors trouver les solutions pour faire voler les lourdes caméras IMAX au milieu des oiseaux, au-dessus des nuages, sur le dos des baleines, au fil des torrents et sur le fracas déferlant des vagues.
Juin 2003, Afrique du Sud. Premier tournage lointain. Les baleines à bosse remontent de l'Antarctique vers le canal du Mozambique. Les baleineaux font le voyage dans le ventre de leur mère. Novembre 2003, Afrique du Sud. Dernier tournage lointain. Les mêmes baleines à bosse font route vers le grand sud, s'attardant parfois pour jouer avec leur bébé de 4 tonnes. Entre ces deux tournages, une quête permanente : être présent dans un hémisphère comme dans l'autre aux grands rendez-vous de la nature.
Rejoindre aux îles Féroé, fous de bassan, guillemots et macareux avant qu'ils ne regagnent le grand large. Approcher sur le Saint-Laurent la mythique baleine bleue (trois fois plus longue que notre embarcation). Naviguer jusqu'au couchant avec une bande de rorquals communs dont les souffles s'élèvent jusqu'au ciel et rafraîchissent nos visages. Surprendre l'instant où la « jubarte » élève au-dessus des flots les cinq mètres de sa nageoire pectorale pour frapper la surface de l'eau en une gerbe étincelante. Survoler la vallée du Rift avec les pélicans et les flamants roses. Retrouver en Argentine les baleines franches et leurs baleineaux tout droit sortis de la préhistoire. Voler avec les cygnes chanteurs, les bernaches nonnettes et les oies des neiges qui se regroupent au Cap Tourmente (Québec) pour une brève halte, à mi parcours entre l'Arctique et leurs quartiers d'hiver américain.
Il aura fallu deux équipes et six mois de tournage pour rejoindre les grands voyageurs de la planète, accomplir une partie de la route avec eux et, au bout de l'aventure, partager avec les spectateurs du Futuroscope ce fabuleux voyage sur un Tapis Magique.
Comme les autres films composant la fresque naturaliste de Jacques Perrin, Voyageurs du ciel et de la mer confirme le savoir-faire d'un cinéaste qui sait approcher la faune et filmer la nature. Pour autant, le tournage de ce « voyage initiatique » demeure tout à fait singulier, en raison de la technique IMAX, à laquelle Jacques PERRIN s'est essayé pour la première fois de sa carrière.
Pour mieux comprendre les conditions tout à fait particulière du tournage d'un film en IMAX, un film de 6 minutes intitulé Voyageurs du ciel et de la mer - Le tournage est diffusé en boucle dans le Pré-Show.
Savoir attendre
Tourner un film où les animaux ont toute leur place, c'est accepter de se mettre hors du temps. C'est renoncer à sa montre comme au calendrier et attendre, en toute humilité, la tempête qui tarde à gronder ou les baleines qui ne viennent pas. L'équipe de tournage a dû gagner la haute mer à deux reprises pour assister au « Sardin Run », au large des côtes Sud-Est de l'Afrique du Sud. Ce grand rassemblement de baleines et de dauphins, provoqué par la remontée à la surface des eaux de milliards de sardines, n'a lieu qu'une fois par an.
L'imprégnation
Certains des oiseaux filmés en plein vol sont « imprégnés » au « centre d'élevage » que Jacques Perrin a mis sur pied à Cleville, en Normandie. Si le dressage sous-tend l'idée de domination, l'« imprégnation » renvoie, elle, à la notion de partage. Les oiseaux « imprégnés » naissent au centre, s'attachant à l'ornithologue qui s'occupe d'eux et apprenant à partager avec lui diverses expériences, dont le vol. « Attention, met en garde Olli BARBE, les oiseaux ne sont jamais obligés de voler. Nous leur proposons, mais s'ils refusent, on attend » . Grâce à cette technique dite de l'imprégnation, Jacques PERRIN peut aujourd'hui proposer aux spectateurs de regarder la terre avec les yeux des oiseaux, sensibilisant des générations entières à la beauté de la nature.
La technologie IMAX
Le procédé IMAX, qui permet une projection de haute qualité sur écran géant, impose de tourner en 70 mm (et non en 35 mm, le format conventionnel), avec une caméra lourde (plus de 40 kilos), bruyante et d'un maniement difficile. Les conditions du tournage s'en trouvent nécessairement compliquées. « Quand on filme en 35 mm, on tourne la caméra sur l'épaule. Ce qui n'est tout simplement pas possible avec une caméra IMAX » , explique Olli BARBE, le réalisateur de la seconde équipe de tournage. En outre, le procédé IMAX requiert une stabilité parfaite. Qu'elle soit à bord d'un bateau, d'un hélicoptère ou d'un ULM, l'équipe de tournage a dû systématiquement travailler avec un pied et recourir à des systèmes de cadres en suspension équipés de gyroscopes visant à compenser totalement les mouvements de la mer ou les vibrations des moteurs et créer ainsi une fausse inertie.
La montagne au service de la mer
Le matériel, même réduit à son minimum, reste important, et rend difficile l'accès à certains sites. Pour approcher les Fous de Bassan qui peuplent les Îles Féroé, l'équipe de Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD ont fait appel à des guides de haute montagne, chargés d'assurer la sécurité des personnes et de descendre le matériel en rappel. Grâce à leur collaboration, une grue a pu être montée de toute pièce là où une majestueuse falaise de 120 mètres surplombe la mer. Objectif du réalisateur : donner des sensations de vertige dans la salle du tapis magique.
En chiffres
Durée du tournage : 8 mois, de mai à décembre 2003.
Nombre de pays visités pendant le tournage : 6 (France, Kenya, Afrique du Sud, Iles Féroé, Argentine, Canada).
Nombre d'espèces filmés : 17
Nombre de personnes ayant participés au tournage : 100
Longueur des « rush » : 45 km
Nombre d'espèces imprégnées : 5 ( Grues cendrées, Cygnes, Pélicans, Oies des Neiges, Bernaches Nonnettes).
Les Lieux de Tournage
Plage d'Arromanches : Normandie
Pélicans et cygnes.
Travelling voiture avec stabilisateur et voiture 4x4 sur grue hydraulique.
Salins d'Aigues Mortes : Languedoc- Roussillon
Cygnes.
ULM.
Bois Roger : Normandie
Cigognes et grues.
Tour de 8 mètres.
La Grave (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et le Galibier (Rhône-Alpes)
Aigles royaux.
Travelling hélicoptère et stabilisateur.
Gorges du Verdon : La corniche sublime (Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Aigles.
Hélicoptère avec stabilisateur.
Canal de Nantes à Brest : Bretagne
Cygnes et nonnettes.
Travelling bateau.
Mont Saint-Michel : Normandie
Nonnettes et oies des neiges.
ULM.
Bretagne : Paimpol
Nonnettes.
Travelling bateau avec (passage en l'air entre ULM et bateau).
lac Bogoria, Amboseli, Masaï Mara : Kenya
Pélicans et flamants sauvages.
Parachute motorisé, grue, travelling.
Transkaï : Afrique du Sud
Sardin-run et mégaptère.
Zodiac et hélicoptère.
Sodwana Bay, St Francis Bay : Afrique du Sud
Spinner dolphin et dauphins communs.
Bateaux avec stabilisateur.
Péninsule Valdés : Argentine
Baleine franche.
Catamaran de 25 mètres et stabilisateur.
Mingan, Baie Como, Le Havre Saint- Pierre : Canada
Baleine bleue et mégaptère.
Zodiac et stabilisateur.
Cap Tourmante : Canada
Oies des neiges sauvages.
Tournage au sol.
Témoignages
Une centaine de personnes ont participé au tournage. Trois d'entre eux, directeurs de la photographie et cadreur ULM, livrent leurs impressions.
Dominique GENTIL, directeur de la photographie
Quand je filme un oiseau en vol et que son aile caresse mon objectif, quand je survole ce remorqueur allant secourir un cargo en perdition dans la tempête, au-delà du spectaculaire des images, c'est l'émotion de ces moments magiques que je souhaite transmettre aux futurs spectateurs.
Ayant été directeur de la photo d'un certain nombre de film IMAX, j'apprécie ce procédé, le plus performant par ses capacités de restitution des images sur un écran géant. Mais ces qualités de précision et de réalisme ne peuvent être les seules raisons qui enthousiasmeront les spectateurs.
La force de l'image IMAX, c'est l'émotion qu'elle est capable de transmettre. Grâce au gigantisme, nous entrons dans l'intimité des choses, nous sommes tellement immergés dans l'image que l'objet filmé devient nôtre. L'infiniment grand nous permet de percevoir l'infiniment petit.
Les contraintes de netteté, de stabilité, de poids du matériel… ont été décuplées pour le tournage de Voyageurs du ciel et de la mer . Car il ne s'agissait pas de gérer l'image d'un seul, mais de deux écrans : une caméra filmant la vue de face, l'autre filmant celle vue au sol. Par soucis de précision, beaucoup de nos images ont été faites simultanément. Pour cela, nous avons mis au point un système permettant de filmer en même temps les deux points de vue. Ce qui constitue une première mondiale.
Nous, cadreurs, avons mis de côté nos réflexes « traditionnels » et repensé la composition des images pour le concept si particulier du Tapis Magique. Il faut parfaitement déterminer le cadre ou se passera l'action. La camera se doit d'être stable et contemplative, c'est le spectateur qui détermine son champ de vision, qui promène son regard, dans le large univers qui s'offre à lui sur ces écrans géants.
Le film est un poème sur la nature. Il offre des images simples, sans artifices, qui se doivent d'émerveiller les yeux et interpeller le cœur.
Tourner un film en IMAX engendre de lourdes contraintes. Nous devons notamment utiliser de grands angles pour obtenir de grandes profondeurs de champ, ce qui oblige à être très proches des animaux sauvages, le plus souvent farouches. Ajoutons à cela le poids, le volume et le bruit que fait la caméra IMAX lorsqu'elle tourne.
Cadrer en IMAX suppose également d'utiliser au mieux les grands espaces mais aussi, du fait de la spécificité de la salle du Tapis Magique du Futuroscope, de montrer ce que l'on voit sous ses pieds ! Car tout le pari du film est là : placer le spectateur au cœur de l'action et lui permettre de regarder devant et sous lui !
Il nous a fallu embarquer ce matériel lourd et peu maniable sur des engins disproportionnés : Zodiac, Catamaran, grues, ULM, hélicoptères… Et ça a marché !
Il nous a fallu parfois attendre des jours entiers pour approcher une baleine ou survoler des milliers de flamands roses. A chaque fois, notre patience a été plus que récompensée. Quelle expérience inoubliable que cette baleine qui frôle le Zodiac et, avec une grâce incroyable, nous salue de sa nageoire ou plonge devant nous. Que d'émotions aussi lorsqu'on vole dans le sillage de nos pélicans, au dessus du Kenya. Nos attentes ont été récompensées par la grâce naturelle de ces animaux aériens ou marins. J'espère que le spectateur partagera avec nous ces moments incroyables que le format 70 mm permet de restituer sur deux écrans géants.
Christophe Pottier, cadreur ULM
Le jour ou j'ai appris que j'allais travailler en IMAX – et en particulier cadrer en ULM – fut un beau jour. Cela me permettait de réaliser deux rêves : voler avec les oiseaux « imprégnés » de Galatée Films (ce que je n'avais pas pu faire pendant le tournage du Peuple Migrateur ) ; tourner en IMAX, rêve que caresse tout technicien image dans le Cinéma.
Mais du rêve à la réalité, il y a un grand pas et, dès les premiers essais, les contraintes apparurent. A commencer par le poids du matériel. Un ULM ne pouvant porter que des charges légères, il a fallu réduire au minimum le poids de la camera et de sa tête stabilisée, sans parler de mon propre poids !
Autre difficulté majeure : le peu d'autonomie de film chargé sur la caméra pour chaque vol : 1 minute. Et une minute c'est court ! Quand déclencher le moteur ? Ne pas faire d'erreur, rester concentré sur l'horizon et la formation des oiseaux, déclencher maintenant ! Et au bout d'une minute tournée, atterrir, démonter la caméra de son support pour la recharger en pellicule vierge. Avec un vol le matin et un le soir pour ne pas épuiser les oiseaux, je n'avais droit qu'à deux essais et deux minutes de pellicule par jour.
Et les oiseaux ? Les suivre, ne pas les perdre ! Se placer par rapport à eux dans le bon axe de lumière, ne pas les perdre ! Les placer au bon endroit sur l'horizon, ne pas les perdre ! Je dois, à ce propos, remercier mon pilote Dédé et Laurent, à la surveillance ULM, pour leur travail et leur disponibilité.
Mais malgré toutes les difficultés, les beaux souvenirs se succèdent. Voler à un mètre du sol à 65 km/h avec un groupe de 39 bernaches nonnettes en formation au-dessus des Polders du Mont Saint-Michel. Voler encore sur fond de soleil couchant avec les grues cendrées. Surtout, plaisir immense, passer au-dessus des nuages avec les oies des neiges et, pour un moment, voler avec elles, coupé du monde par un tapis blanc cotonneux.
Merci aux « imprégnateurs » pour la préparation de leurs oiseaux, merci à l'équipe, aux techniciens et à la réalisation. Vous m'avez permis de vivre des moments où parfois le rêve et la réalité n'étaient pas loin l'un de l'autre.
Dès la file d'attente, le spectateur plonge dans l'ambiance. Sur 80 mètres, de grandes bâches servent de cimaise à quelque 50 photos grand format (1m50 X 1 m) de Mathieu SIMONET, le photographe du film. Les clichés, découverts les uns après les autres au gré de la progression vers la salle du Tapis Magique, lèvent le voile sur la singularité du tournage. On y voit un membre de l'équipe embarqué à bord d'un ULM équipé d'une caméra de plus de 40 kilos, évoluant au milieu d'un groupe de cigognes mises en confiance grâce à la technique de « l'imprégnation ». On y découvre la bravoure des hommes de l'Abeille-Flandres, cet insubmersible de la marine nationale patrouillant au large de Ouessant pour secourir pétroliers et bateaux de pêche. On y saisit l'humilité et la patience de tous ceux dont le film animalier constitue le métier et la passion…
Le décor du pré-show, vaste espace de 250 m², a été entièrement conçu pour restituer une atmosphère tout à la fois maritime et céleste. Le sol et la partie basse des murs ont été recouverts d'une couche plastique transparente imprimée d'un motif simulant les reflets de l'eau. Le spectateur a ainsi l'impression de marcher sur l'eau. Le haut des murs, lui, est recouvert d'un décor évoquant l'immensité du ciel.
Un large bandeau, conçu comme une carte géographique d'autrefois, court à mi hauteur tout le long des murs. Il est parsemé d'une dizaine d'écrans plasma (1m x 60 cm) sur lesquels est diffusé en boucle un extrait du Making of du film, dans une ambiance sonore évoquant les éléments naturels. Au dessus, telle une invitation à la méditation, s'égrènent des citations d'hommes célèbres, rendant hommage à la « grande bleue » : Christophe Colomb, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Jean Cocteau…
Au centre de la salle, une cage de verre permet de plonger dans l'antre de la régie basse et d'apercevoir, grâce à deux loupes géantes d'un mètre de diamètre, le projecteur IMAX et la pellicule en train de défiler. Au dessus, sur des panneaux informatifs sont présentés le procédé IMAX, les différents formats cinématographiques ou la technique de la salle du Tapis magique…
Mais le pré-show, c'est aussi une sélection de photos d'oiseaux et de cétacés, placées sur des « boîtes à lumière » ; des panneaux informatifs géants consacrés à la filmographie animalière de Jacques Perrin ou abordant quelques grands thèmes environnementaux ; une borne interactive permettant, à partir d'un écran tactile, de consulter un CD Rom multimédia sur les changements climatiques…
Enfin du changement au Tapis Magique ! Il s'agit d'un film assez différent de ce qui a pu être vu jusqu'ici au Futuroscope car il n'y a pas vraiment d'histoire. L'essai se veut plutôt artistique : une succession de plans. Le Bilan est plutôt positif et la spécificité de la salle souvent bien mise à profit : on retrouve plusieurs fois la sensation d'être dans les airs avec le caméraman. C'est là qu'on se dit qu'un petit coup de vent ou quelques goutes d'eau reçues au visage pourraient rajouter au dynamisme du film.
Un film à ne pas manquer lors de votre prochaine visite au Futuroscope.
Article mis en page par Matthieu Galus. Textes extraits du dossier de presse de l'evenement. Photos : © Mathieu Simonet/Galatée Films/Futuroscope, Matthieu Galus.